Le récit de Mélodie, bénévole au Décastar 2018

La 42ème édition du Décastar, dotée d’une ambiance extraordinaire a été marquée par le fabuleux record du monde de Kévin Mayer, et restera longtemps gravé dans les mémoires de tous. Derrière cette réussite, il est essentiel d’associer et de remercier encore une fois les centaines de personnes qui chaque année, donnent de leur temps et s’impliquent dans la préparation et l’organisation de ce meeting. Vous les bénévoles, êtes les acteurs indispensables de notre manifestation et, chacun dans votre secteur, par votre implication vous contribuez largement à son succès. Mélodie, a vécu cette année son premier Décastar en tant que bénévole au service presse. Elle se livre dans un témoignage touchant « Mon Premier Décastar » et nous permet, le temps d’une lecture, de revivre ces moments forts en émotions et convivialité que nous offre le sport, tant par les exploits accomplis que par son esprit, qui le temps de week-end a fait vibrer l’ensemble des spectateurs, athlètes et bénévoles venus à Talence.

 » Être bénévole, c’est donner de son temps pour aider une cause. Une cause, n’importe laquelle, proche de nos valeurs et ayant besoin de gens pour avancer ou tout simplement se dérouler. Cette cause peut être le nettoyage de la Nature contre la pollution, l’implication pour valoriser ou sauver du patrimoine, ou enfin l’organisation d’une compétition sportive. Enfin, pas nécessairement l’organisation mais être présent pour que cette compétition se déroule le mieux possible.

En arrivant sur Bordeaux, en septembre, pour tes études de Master, après trois ans de licence, tu t’attendais à un nouveau départ mais surement pas aux émotions de ce week-end. Le 15 et le 16 septembre, tu vivais ton premier Décastar, que ce soit en tant que bénévole ou tout simplement en présence dans ce stade du Thouars à Talence. Or, cette année, le Décastar en plus de voir des heptathloniennes et des décathloniens se donnaient à fond et se dépenser sans compter, tu as pu assister à un nouveau record du monde. Certains le pressentaient, après les trois essais manqués à Berlin par Kévin Mayer au saut en longueur et l’énergie qu’il avait. Toi, tu voulais y croire mais tu te disais aussi que le décathlon c’est dix épreuves en deux jours et qu’il pouvait y arriver n’importe quoi d’autres que cela. Pour toi, ce n’était pas être pessimiste mais réaliste, tu ne doutais pas qu’il y aurait du grand spectacle mais un imprévu peut toujours arriver.

Le samedi matin, tu arrives donc sur ce stade, un peu perdue. Ce n’est pas ta première expérience de bénévole dans l’athlétisme mais tu ne connais ni les lieux ni les gens. Tu finis par trouver ton poste et te mettre à la tâche tout en regardant la compétition. Étant auprès de la presse, tu as une bonne vue sur les épreuves et un peu de temps pour en regarder certaines. Tu assistes ainsi au 100 m dont tu ne gardes pas un souvenir très précis. Pour la longueur, tu lâches un soupir de soulagement face au premier essais réussi et ne peut t’empêcher d’avoir une pensée ironique au second essai mordu. Vient ensuite la hauteur, entre temps tu as porté des plateaux repas, pas seule mais avec l’aide d’autres bénévoles, tu t’es aussi assuré que les machines à café fonctionnaient mais c’est pas l’important. Non, l’important c’est ce concours de hauteur où tu vois cet athlète que tu admires, où tu vois Kévin Mayer passer les hauteurs avec difficulté mais s’acharner. En somme, il te prouve qu’avec du travail, de la détermination et de l’acharnement rien n’est impossible enfin que même au troisième ou tardivement dans la vie, tout le monde peut accomplir son rêve. Enfin, le rêve c’est le lendemain qu’il s’accomplit mais cette épreuve prend cette signification pour toi.

Le lendemain, le dimanche, tu arrives un peu fatiguée en raison du spectacle des journées du patrimoines chez ta logeuse. Un spectacle de nuit fêtant ses dix ans, un spectacle magnifique pour l’Histoire mise en avant mais aussi pour les acteurs bénévoles et leurs talents de théâtre. Enfin, le dimanche, tu es sur le stade et tu assistes de nouveau à ce décathlon que tu ne comptes pas oublier. Tu observes le 400 m de plus en plus rapide au fil des séries et tu souris un peu bêtement face aux chronomètres qui s’affichent. Ensuite, c’est la perche et tu observes les décathloniens passer, tu en vois certain obtenir ce zéro tout moche qui te fait penser que c’est l’épreuve maudite du jour. Berlin a eu le saut en longueur pour les trois français et le Décastar a le saut à la perche. Toujours est-il, que les yeux attentifs, tu observes les réussites et les échecs. Puis, tu vois Kévin Mayer franchir les 5m45, tenter les 5m55 mais échouer. Le fait qu’il stoppe te prouve qu’il gère son effort tout en voulant donner le maximum au public.

Un public présent pour chaque athlète, un public respectueux faisant un silence complet quand cela lui est demandé. Comme pour le troisième lancé de javelot, ce lancé qui franchit la ligne des 70m et offre le record du monde à Kévin. Après, le disque il avait estimé qu’il était possible de parler de record du monde. Après le javelot, à moins qu’il ne finisse pas le 1500 ou fasse n’importe quoi ce qui lui vaudrait une fessée collective de tout le stade à sa proposition, il bat le record du monde. C’est une certitude pour tous et les calculs d’une journaliste non loin de toi le prouve. Il ne reste donc plus qu’à Kévin de finir ce 1500 accompagné d’une ola et des cris au rythme de la course par le public avant l’annonce officielle de ce record du monde battu.

C’est la liesse dans le stade alors que « we are the champions » retentit. Tu trembles à l’idée d’avoir vécu ça sur place, tu as du mal à démêler toutes tes émotions, tu applaudis à ne plus sentir tes mains. Tu applaudis pour Kévin mais aussi tous les athlètes, du mieux que tu peux car tes mains finissent à un moment par te faire mal et que tu comptes faire de la gauche ton principal outil de travail dans le futur. Tu applaudis chaque athlète au moment du podium car ils sont tous méritants et dignes de respect pour ce qu’ils ont accomplis ce week-end. Tu entonnes, mal assurée, la Marseillaise a capella afin de remercier et féliciter Kévin Mayer pour ce qu’il a fait. Tu savoures le moment sans crier, tu es du genre à intérioriser et tu n’arrives pas vraiment à hurler comme d’autres le font.

Cet état d’euphorie, ce trop plein d’émotions te suit sur la route et fait rire ta logeuse et son fils quand ils remarquent que tu ne tiens pas en place. Devant ton écran d’ordinateur, tu tapes un message à relire pour l’envoyer peut-être à Kévin Mayer, une fois la pression un peu retombée de ton côté. Tu tentes ensuite de dormir, tu réussis pour quelques minutes avant que ton cerveau s’active à nouveau. Trois heures du matin passées, tu prends du papier, un stylo plume et jette, non inscrit ses mots pour tenter de faire sortir tout ça à ta manière. Tu ne sais pas encore si tu vas retaper ce texte et le partager. Tu as déjà prévu si c’est le cas, de vérifier les résultats mis dedans après tout tes souvenirs ne sont pas entièrement fiables et tu comates un peu debout. Tu ne sais pas si tu vas réussir à suivre tes cours demain, enfin dans la journée, à te concentrer dessus sans bailler ou te sentir comme une pile électrique. Tu sais juste que tu vas tenter de dormir encore un peu, te prévoir un marathon Harry Potter aussi car si Kévin Mayer en battant ce record du monde t’a donné encore plus envie de réaliser ton rêve, c’est cette saga qui t’a réconciliée avec la lecture et t’as donné le virus de l’écriture.

Et parce que j’ai quasiment parler que de lui mais qu’il n’y avait pas que lui, je vais utiliser le dernier paragraphe pour rompre avec le texte. Tout simplement pour nommer sous forme de liste tous les athlètes qui ont participé à cette compétition parce qu’il y en a un qui brille mais ils sont tous méritants, qu’ils soient allés au bout ou non et qu’ils méritent leur place dans mon texte aussi en tant que personnes et pas juste en tant que mention rapide. D’abord les heptathloniennes ayant participé à cette compétition à savoir Carolin Schafer ; Géraldine Ruckstuhl (qui a battu le record de Suisse) ; Katerina Cachova ; Xénia Krizsan ; Grit Sadeiko ; Verena Preiner ; Daryna Sloboda ; Esther Turpin ; Diane Marie-Hardy ; Eri Utsunomiya ; Yuki Yamasaki ; Allison Reaser.

Passons au décathloniens, sans celui dont je n’ai pas arrêté de parler, il y avait donc aussi : Arthur Abele ; Tim Nowak ; Pieter Braun ; Ruben Gado ; Bastien Auzeil ; Pawel Wiesiolek ; Marcus Nilsson, Lelievre Jérémy ; Patryk Baran ; Florian Geffrouais ; Vitali Zhuk ; Steven Bastien ; Keisuke Ushiro ; Pierce Lepage et Ilya Shkurenev.

Et enfin, les participants au niveau de l’équipe de France, j’espère ne pas me tromper dans tous les noms : Amandine Brossier, Estelle Perrossier, Solene Ndama, Solene Gicquel, Hilary Kpatcha, Evelina Mendes ; Mouhamadou Fall, Teddy Atine-Venel, Morhad Amdouni, Mahiedine Mekhissi Benabbad, Pascal Martinot-Largarde, Nathan Ismar, Joseph Stanley, Raihau Maiau, Willy Vicaut, Lolassonn Djouhan, Remi Conroy, Romain Martin.  »

Mélodie BACH – 16/09/2018